Il semble que les technologies numériques aient influencé les méthodologies de
récoltes de données. Les mondes sociaux peuvent maintenant être sondés de manière systématique et à grande échelles grâce aux technologies dites de « crawling », permettant de récolter les traces laissées sur les serveurs par les individus. L’instrumentation numérique est aussi utilisée pour traiter les données. De gigantesques corpus sont passés au scanner des algorithmes. Enfin, l’instrumentation numérique change l’environnement de présentation, de publication et d’évaluation des résultats. Certains logiciels, comme Gephi, proposent de nouvelles manières de représenter les
données. De nouvelles politiques d’évaluation sont mises en place dans les revues, et de nouvelles revues apparaissent, ainsi que de nouvelles bases de données documentaires.

Le recours aux technologies numériques en SHS soulève également des questions concernant moins les instruments de collecte, de traitement et de diffusion du savoir, celles-là, que la définition des champs disciplinaires. Nous avons vu apparaître notamment la notion d’humanités numériques. Il sera intéressant de réfléchir ensemble, grâce aux interventions et aux discussions qu’elles généreront, à ce que les technologies numériques ont fait des champs disciplinaires, de leur porosité, de la définition même de ce qu’est une discipline en SHS et de ce à quoi renvoie les notions d’interdisciplinarité, de multidisciplinarité et de transdisciplinarité.