Extrait de l'article
"II est hélas devenu habituel d'aborder la laïcité à travers les atteintes qui lui sont portées et celles-ci n'épargnent pas l'Université. La poussée de « tendances communautaristes, le plus souvent à caractère religieux » était déjà relevée, voici vingt ans, par Michel Laurent, alors premier vice-président de la Conférence des Présidents d'Université (CPU). Dans le cadre d'un colloque, organisé en septembre 2003 par la CPU, intitulé « La laïcité à l'université », il amrmait que ce phénomène « constitue à la fois une réalité que certains d'entre nous vivent au quotidien, et, plus largement, un sujet de crispation politique et de revendication dans notre société ». À la suite du colloque, la CPU a tenté « d'élaborer une méthode générale » permettant aux présidents d'université « de disposer d'outils pour faire face aux diffcultés émanant des demandes d'étudiants ou d'associations à tendance cultuelle ». Les rédacteurs du guide « Laïcité et enseignement supérieur » soulignaient que « peu de domaines d'activité du service public de I 'enseignement supérieur échappent aux menées de ceux qui rejettent le principe de laïcité » : « Quelle attitude adopter face à un refus d'assister aux cours ou de passer des examens certains jours de la semaine ? Peut-on, et doit-on refuser l'accès à l'université aux étudiantes voilées ? Peut-on refuser un local ou un financement à une organisation étudiante au motif que son objet est indiscutablement communautariste ? Comment réagir Iprsqu'un(e) étudiant(e) récuse un(e) examinateur(trice) en raison de son sexe ? (... ) Et comment répondre à ces interrogations tout en gardant à I 'esprit que le public des universités, à la différence des usagers des premier et second degrés, est un public adulte ? »..."
Résumé de l'ouvrage
Coorganisé par les universités de Tours et Rennes 2, le colloque « (Re)Penser l'Université française, de la loi Faure aux défis de l'Université du XXIe siècle », s'est donné pour objet, en mobilisant chercheurs et acteurs de premier plan, d'interroger, de réinterroger l'Université française, à l'aune de ses évolutions - avec l'idée d'Université portée par Edgar Faure comme fil d'Ariane-, mais aussi en considérant les défis, nombreux, que doit relever l'Université.
La réflexion a d'abord situé les universités au défi de leur gouvernance, le modèle faurien d'université étant aujourd'hui percuté par l'arrivée des établissements publics expérimentaux, futurs grands établissements. Les débats ont permis ensuite de considérer la nécessité pour les universités de se situer dans leur environnement. Rôle régulateur de l'État, politique de site, modèle de financement des universités, universités européennes : autant de marqueurs pour ce concept d'université située. L'Université française a enfin été considérée au croisement des défis sociétaux, des principes et des valeurs qui la guident, des femmes et des hommes qui la portent, de l'exigence de bien-être aussi.
Au total, ces actes dessinent les voies et aspirations pour une Université française bien gouvernée, pleinement située et éminemment sociale.